Un dossier de quatre pages dans Libération
Aujourd’hui, Libération consacre un grand dossier à la parité sociale ! Quatre pages sont dédiées à la parité sociale et aux conclusions des travaux du collectif Démocratiser la politique (DLP).




Un contexte politique révélateur
« Avec 22 millionnaires sur 36 ministres dans le gouvernement Bayrou, le personnel politique n’a jamais été aussi éloigné de la vie de ses administrés. Ces déclarations de patrimoine tombent à pic pour le collectif Démocratiser la politique (DLP). Ce groupe de chercheurs et de militants publie début juillet une étude attendue sur la catégorie socioprofessionnelle des 2,75 millions de Français qui se sont portés au moins une fois candidats à une élection depuis 2002. »
Une étude qui brise les idées reçues
Le mythe du désintérêt des classes populaires
L’étude du collectif DLP révèle des conclusions saisissantes qui battent en brèche les préjugés habituels :
« Un [rapport] qui bat en brèche l’idée d’un désintérêt des personnes les plus pauvres pour la chose publique. Et révèle un scandale démocratique : s’ils sont très nombreux à briguer un mandat, bien peu parviennent à se faire élire. Un véritable plafond de verre pour les classes populaires. »
L’analyse de Julia Cagé
L’économiste Julia Cagé souligne l’importance de cette recherche :
« «La contribution la plus importante de ce travail, c’est qu’il permet de balayer une bonne fois pour toutes l’idée que les classes populaires ne se présentent pas», se félicite l’économiste Julia Cagé. «Les partis rabâchent qu’ils n’arrivent pas à trouver des candidats ? C’est faux, ils décident de ne pas les accompagner.» »

Une méthode qui détonne
Le collectif Démocratiser la politique adopte une approche originale pour sensibiliser à ces enjeux :
« Démocratiser la politique, c’est aussi une méthode qui détonne, […]. A l’ENS, la séance commence par un quiz auquel les spectateurs peuvent participer via leur smartphone. Première question [posée par la co-initiatrice Tara Dickman] : «Pourquoi, selon vous, les classes populaires sont sous-représentées en politique ?» Parmi les choix de réponse : «Parce qu’elles se font douiller.» «Ça veut dire quoi, se faire douiller ?» demande un chercheur scrupuleux. »
La solution : la parité sociale
Une définition claire
Face à ce constat, le collectif DLP propose une solution concrète :
« Pour combattre ce plafond de verre qui exclut ouvriers et employés des mandats politiques, le collectif DLP arrive avec une solution : la «parité sociale». […] «La parité sociale est la conviction que chaque citoyen·ne, quel que soit son métier, son niveau de diplôme, sa situation familiale, peut exercer un mandat électif, et représenter ses pairs», avançait Taoufik Vallipuram, cocréateur de DLP. »
Un changement de perspective nécessaire
Taoufik Vallipuram appelle à renverser la focale :
« Pour lui, il convient de renverser la focale : «Ce ne sont pas les classes populaires le problème, ce sont les classes supérieures qui s’approprient le pouvoir.» »
Une situation qui s’aggrave
Même les municipales se ferment
L’analyse révèle une tendance inquiétante qui touche tous les scrutins :
« La mauvaise représentation des classes populaires s’aggrave dans toutes les élections, y compris aux municipales qui offrent pourtant «un plus faible taux de sélection entre les candidatures et le fait de devenir élu», rappelle le rapport. »
Un record d’inégalité aux européennes 2024
Le sociologue Kevin Vacher, corédacteur de l’étude, dresse un constat alarmant :
« «Les élections européennes de 2024 furent le scrutin le plus inégalitaire de l’histoire récente», constate le sociologue Kevin Vacher, corédacteur de l’étude. «Il y a eu une poussée de l’extrême droite, oui, mais surtout 20 pts de plus pour les classes supérieures, qui dépassent les 80 % du total d’élus.» »
Une proposition concrète pour 2026
Un seuil maximal dès les municipales
Pour combattre la sur-représentation des classes supérieures en politique, le collectif propose une mesure concrète :
Instaurer un seuil maximal de 15 à 25%* de candidat·es issu·es des classes supérieures sur les listes (et particulièrement aux positions éligibles), dès les prochaines municipales.
*soit leur part dans la population française, en fonction des catégorisations retenues.
Un enjeu d’avenir pour la démocratie
Un potentiel consensus à gauche
La parité sociale pourrait devenir un enjeu fédérateur, comme l’analyse Vanessa Jérome :
« Après la parité femmes-hommes, la parité sociale pourrait devenir un point d’accord des partis de gauche et pourquoi pas le moteur du renouvellement de la démocratie ? Encore faut-il que les partis s’en saisissent. Pour Vanessa Jérome, l’idée «a toutes les chances de s’installer comme un mot d’ordre, un slogan». »
Les résistances à anticiper
Mais cette transformation ne se fera pas sans heurts :
« Mais elle ne s’imposera pas sans résistance : «C’est une loi de la physique», rappelle-t-elle. «Pour qu’il y en ait qui s’installent, il faut que d’autres se poussent.» »
Tous les extraits sont tirés de l’article d’Adrien Naselli publié le 30 juin 2025 dans Libération